Lettre ouverte à M. François Legault

Lettre ouverte à notre Premier Ministre parue dans la LA PRESSE

Bonjour M. François Legault,

Mon nom est Ilias Benz et je suis enseignant, propriétaire et directeur d’une école de Salsa et danses latines. Je suis à bout de souffle, de patience, d’espoir et surtout de ressources financières.

Avant de commencer, je tiens à mentionner que je suis doublement vacciné et j’ai respecté toutes les règles depuis le début de la pandémie. Mon entreprise a été grandement affectée un peu plus à chacune des nouvelles vagues et des nouvelles mesures. Je n’ai pas pu me verser de salaire depuis maintenant deux ans. Au début, j’avais une certaine confiance en vos décisions, j’étais bon joueur et j’avais espoir que des jours meilleurs étaient à nos portes. (Le temps des arcs-en-ciel aux fenêtres après avoir remboursé aux clients des milliers de dollars… ) Mais cette confiance s’est tranquillement érodée suite à vos interventions souvent incompréhensibles et contradictoires.

De prime abord, j’aimerais connaître votre plan pour le futur, mis à part le confinement à répétition et les fermetures d’entreprises. Je suis rendu à me demander si je dois changer de domaine ou continuer à perdre de l’argent chaque jour… Mais pour combien de temps encore?

L’heure est grave, mais quand les mesures ne sont plus soutenables, faudrait peut-être penser à une nouvelle approche, non? Comme Einstein l’a dit: « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent » Du moins, il faudrait surtout mettre fin à votre discours paternaliste. Je crois que les gens sont suffisamment responsables, qu’ils ont fait plus que leur possible et qu’ils en ont assez. Tout le monde a fait les efforts nécessaires, mais ceux dont l’entreprise est fermée à perte, danse, cinéma, resto, le domaine de la culture… On ne peut plus le supporter. Ces gens-là, dont moi, perdent leur gagne-pain, leur apport financier à la famille. Certains vont perdre leur maison et d’autres vont perdre la raison! L’aide gouvernementale ne suffit malheureusement pas. Dans ces conditions nous ne sommes tout simplement pas viables.

Nos écoles de danses

Je trouve particulièrement frustrant et contradictoire la fermeture de nos écoles de danses. Quand nous avions le droit, nous opérions en toute sécurité et nous avions échappé à toute éclosion. Alors, quand je vois que vous ouvrez les écoles, que tous les étudiants vont dîner un à côté de l’autre bien collés et sans masque tout en jasant; C’est là que les fils se touchent. Je prêcherai pour ma paroisse. Dans un cours de danse, tout le monde est enregistré et facilement traçable, vacciné, dans son carré, distancié et masqué… Beaucoup plus sécuritaire qu’à la SAQ, au Costco ou au Carrefour Laval un samedi!

Ce que je veux c’est travailler. Ouvrir mon école pour de bon sans constamment être dans la peur d’une nouvelle fermeture. C’est pouvoir redonner du travail à mes profs, enseigner à mes étudiants, voir leur sourire et les voir s’épanouir et surtout avoir un salaire pour payer ma maison et faire vivre ma famille!

Risque Zéro

Pour finir, je suis 100% d’avis que l’on concentre nos ressources sur les personnes vulnérables, par contre, s.v.p. laissez les sports et loisirs fonctionner le plus normalement possible. Nos entreprises ont été assez hypothéquées par vos mesures. Sensiblement, le risque zéro n’existe pas. On dit justement de plus en plus qu’il faut apprendre à vivre avec. Ne faut-il justement pas accepter une part de risque et retourner à un semblant de normalité? Ou apprendre à vivre en confinement et finir par devenir associable et névrosé?

Laissez-nous offrir un service qui est tout à fait essentiel au bien-être physique et psychologique de nos clients. Laissez-nous jouer notre rôle anti-stress social. Laissez nous garder les gens en forme pour qu’au final, ils soient moins à risque et encore plus résistants au Covid *(*1,2,3).

Alors rassurez-moi, donnez-moi des conseils afin que je puisse survivre et gagner ma vie pour moi et ma famille.

3.https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/2037_bouger_sante_mentale.pdf