« Je considère comme gaspillée toute journée où je n’ai pas dansé. »
– Friedrich Wilhelm Nietzsche
J’étais pétrifié.
Si vous aviez été là, vous auriez eu du mal à me distinguer du mur.
J’avoue que c’était ma faute. Je pensais que c’était de 20 h à 23 h, mais c’était de 19 h à 22 h. Je suis arrivé à 21 h.
Tout le monde dansait et semblait se connaître. De plus, ils étaient tous bien meilleurs que moi.
Finalement, au bout de 30 minutes, j’ai rassemblé assez de courage pour demander à quelqu’un de danser. À ma grande surprise — et à mon énorme soulagement — elle a dit « oui » avec un sourire.
J’étais probablement très mauvais. J’ai tout de même complété ma première danse.
Après 20 minutes d’hésitation, j’ai repris assez de courage pour demander à une autre personne de danser. Elle a dit oui. J’étais encore aussi mauvais.
Puis c’était terminé.
C’était ma première expérience à une soirée de Baila Productions. Une catastrophe ou presque.
Près de deux ans plus tard, j’ai réussi à être plus à l’aise sur la piste de danse. Pourtant, chaque fois que je vais dans un nouveau club, j’ai l’impression de revivre ma première danse de Baila. À vrai dire, il m’arrive de ne pas aller dans un club à moins d’être certain d’y retrouver des gens que je connais. Je n’ai pas encore toute ma confiance lorsque vient le temps d’inviter une étrangère à danser.
Je garde toujours cette expérience à l’esprit quand je vais à une soirée dansante et elle guide mon comportement. En fait, comme le robot d’Asimov, je vis selon trois règles.
Règle numéro 1 : je danse toujours avec au moins une nouvelle partenaire avant la fin de la soirée. Je fais un effort particulier pour identifier les femmes que je n’ai jamais vues auparavant, surtout celles qui semblent incertaines d’elles-mêmes. Je crois que ce sont les personnes les plus importantes à satisfaire.
Lorsque vous venez à un tel événement, si vous ne vous amusez pas la première fois, vous ne reviendrez probablement pas. Je veux que ces activités se poursuivent parce qu’elles sont très importantes pour moi, alors je m’assure d’aider ces invitées à passer un bon moment. De cette façon, elles reviendront et amèneront des amies avec elles.
Règle numéro 2 : je ne danse pas plus de deux chansons de suite avec la même personne. Je veux de la diversité dans la danse et apprendre à m’adapter au style de danse de nombreuses personnes différentes. Je ne veux pas m’habituer à danser avec une seule personne au point où elle soit la seule avec qui je puisse m’amuser. Je crois que c’est une bonne chose pour ma partenaire de danse aussi. Je ne vais donc pas la garder pour moi toute la soirée. Les autres méritent aussi de profiter de sa compagnie. C’est pourquoi je change souvent de partenaire.
Cela dit, après avoir assisté régulièrement à des soirées de danse, j’ai développé une intimité et un confort avec certaines personnes. Le respect de cette règle est devenu un défi.
Règle numéro 3 : je dis « oui » à toute personne qui me demande de danser, tant que cela n’enfreint pas les deux premières règles. Tout le monde est là pour passer un bon moment. Dire non, surtout à quelqu’un qui a pris tout son courage pour demander, peut être dévastateur. Si je n’ai pas déjà demandé à quelqu’un d’autre de danser, je considère que je suis libre. En fait, plus d’une fois j’ai traversé la piste de danse pour demander à quelqu’un de danser, mais j’ai été intercepté en cours de route. Si ma future partenaire ne m’a pas remarqué, je danse avec la personne qui m’a intercepté. Sinon, je lui dis que je danserai avec elle après la prochaine chanson. Et je tiens ma parole.
Au-delà du facteur plaisir, la danse a été une partie importante de ma vie pour d’autres raisons que je pourrais aborder dans un autre article à l’avenir.
Un de mes grands regrets est qu’il m’a fallu 50 ans pour réaliser à quel point j’avais besoin de la danse dans ma vie. Maintenant que je le sais, c’est difficile de lâcher prise.
J’écris cet article pendant la Grande Pandémie de 2020 et laissez-moi vous dire que je trouve le temps long. Si je ne retourne pas bientôt sur la piste de danse, je vais devenir fou!
Mon message est simple. Si vous me voyez aux abords d’une piste de danse, surtout si vous ne m’avez jamais rencontré auparavant, demandez-moi de danser. Le pire qui puisse arriver, c’est que je vous transmette la fièvre de la salsa!
Laurent Duperval
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